Réponse a’ l’article de Ahmed bensaada: “Les cinq principes de la propagande de guerre appliqués au discours de Rachad” ?
Une nouvelle fois l’APS, l’agence de la médiocrité et de la propagande au service de la “Issaba”, nous sort des élucubrations, des tentatives qui restent à un niveau journalistique absolument exécrable, dont nous ferons ressortir un texte d’un analyste, Ahmed Bensaada, pourfendeur du Hirak pour le compte du régime algérien.
Si je cite Ahmed Bensaada, je le fais dans le respect de sa personne. Je lui réponds non pas parce qu’il a exprimé des idées, c’est son droit le plus absolu, mais tout simplement parce qu’il a malheureusement refusé un débat d’idées! Suite à ses prises de position sur le Hirak, je lui ai fait parvenir un courrier en le priant de le publier sur son site comme droit de réponse. Il n’a malheureusement pas eu la probité de le publier.
Dans ma lettre, je lui affirmais, entre autres, que je comprenais qu’il soit profondément touché par la mort de son frère, mort lors d’un accrochage avec un groupe armé alors qu’il effectuait son service militaire dans les années1990s. Je lui rappelais aussi que des milliers d’autres algériens et algériennes avaient vécu de tels drames et que tous méritaient respect et empathie, quelle que soit la “case” où certains se plaisent encore à cataloguer ces victimes!
Le problème avec Bensaada est qu’ il se plaît dans un rôle de soutien à la Issaba, en vilipendant toute opposition qui ne saurait être, à ses yeux, que traitre à la nation ou à la solde de pays étrangers. Ainsi, il décrit des personnes comme Mustapha Bouchachi ou Lahouari Addi comme de simples pantins des USA, agents du “regime change”. De même, Nacera Dutour, porte-parole des familles des disparus ainsi que l’association RAJ, ne peuvent être que des suppôts des impérialistes pour la simple raison qu’ils auraient reçu il y a une vingtaine d’années des subventions de quelques milliers de dollars! Il s’agit là manifestement d’accusations et d’extrapolations qui ne tiennent pas la route!
Dans son narratif, Ahmed Bensaada veut nous expliquer que le Hirak, dans sa version glorifiée par Gaïd Salah et qui a fait tomber Bouteflika, était une bonne chose – ah la lutte des clans! – mais que dès que la rue a formulé des demandes légitimes pour un état civil et une vraie démocratie, il nous met en garde en fustigeant des figures du Hirak, comme Tabou, Bouchachi et Boumala, les qualifiant de simples agents de l’étranger!
Ahmed Bensaada semble avoir découvert récemment les “révolutions colorées”, avec le printemps arabe, alors que Rachad a étudié dès sa formation (en 2007) ces révolutions colorées qui ont commencé en Serbie contre Slobodan Miloševic, la naissance du mouvement OTPOR et ses figures comme Srdja Popovic, la présence sur le terrain d’ex officiers américains comme Robert Helvey qui les ont aidés et qui se sont inspirés de théoriciens de révolutions non violentes comme Gene Sharp (The Politics of Nonviolent Action). Nous n’avons rien à apprendre de Bensaada à ce sujet et nous avons été clairs depuis des années pour mettre en garde contre la face cachée de ces “révolutions colorées”, que ce soit en Azerbaïdjan, au Kirghizistan, en Géorgie etc…
Cependant, en mauvais intellectuel, Bensaada semble ignorer que lire les ouvrages de Marx, Gene Sharp, Ibn Taymiyya, Augustin ou que sais-je, ne signifie pas être “bolchéviste” ou “salafiste” ou “yankee” ou “cardinal”! Le bon sens voudrait d’ailleurs que tout mouvement politique encourage ses membres à étudier les expériences passées et à lire le maximum d’écrits, y compris ceux avec lesquels on n’est pas nécessairement d’accord!
Le Hirak en Algérie est fondamentalement différent des “révolutions colorées” et Bensaada oublie des éléments fondamentaux de ces révolutions qui ne s’appliquent pas au Hirak :
1)Elles ont été massivement soutenues, médiatiquement, politiquement et financièrement par les Etat-unis et leurs alliés occidentaux alors que le Hirak n’a pas été traité de la même manière, bien au contraire!
2) Elles ont toujours eu lieu dans des circonstances liées à des élections ( élections truquées, refus populaire, révolution en couleur, poings levés, etc…) alors qu’en Algérie le Hirak demandait le report des élections!
En Serbie, des sources crédibles évoquent des aides US en millions de dollars pendant les événements, notamment à travers la National Endowment for Democracy (NED) que cite Ahmed Bensaada à juste titre. On parle bien ici de millions de dollars! Comment expliquer alors que Bensaada vienne nous dire maintenant qu’il y a danger parce que, en 2011 (!), Dutour, Bouchachi ou le RAJ ont été financés à hauteur de 10000 ou 20000 dollars! Une telle affirmation ne serait qu’une insulte à un pays comme l’Algérie, et aussi à son régime, qu’ est censé défendre Bensaada : il suffirait d’inviter Bouchachi et compagnie aux USA en dépensant 10.000 ou 20.000 dollars pour faire tomber ce régime!
Bensaada fustige de la même façon les révolutions du printemps arabe. Or, ces révolutions n’étaient pas liées à des élections et n’ont fait qu’exprimer à un ras-le-bol populaire. Il n’y a aucune évidence qui prouve que de l’argent aurait été injecté de l’étranger pour aider les manifestants.
Ahmed Bensaada affirme qu’Ahmed Maher du mouvement du 6 avril en Egypte, avec quelques personnes, ont assisté à une formation organisée par l’organisation Otpor. Ceci est plausible. Mais combien étaient-ils? 10, 20 personnes ? Un tel nombre peut-il faire tomber le régime de Moubarak?
Enfin, le point le plus important dans toute cette affaire quand on parle de “regime change” ou de “révolution colorée”, c’est de démontrer l’intérêt stratégique ou tactique des USA ou leurs alliés dans un tel changement. Or, tout analyste serein avec une approche scientifique, méthodologique voit d’une façon qui ne laisse aucun doute que, dans les révolutions arabes et surtout en Algérie avec le Hirak, les Etats-Unis privilégient le pouvoir en place en Algérie depuis l’époque de Bouteflika jusqu’à nos jours. Ils soutiennent le régime en place et affirment qu’ils sont sur la même longueur d’ondes que lui que ce soit sur les plans sécuritaire, économique ou l’accès à des ressources énergétiques etc..
La thèse de Bensaada ne tient donc absolument pas la route, elle a été démontée d’une manière scientifique dans un ouvrage qui ne peut pas se vendre en Algérie. Par contre Bensaada bénéficie d’une grosse publicité dans les médias du régime comme Elmoudjahid, l’APS et l’ENTV!
Ahmed Bensaada affirme être un scientifique et a formulé une hypothèse : le Hirak serait manipulé par les USA.
En tant que scientifique lorsque j ‘ai une hypothèse, je cherche des éléments, des indicateurs, des chiffres comme données qui soutiennent ma thèse et en même temps je me pose la question, est-ce que cette interprétation n’est pas aussi attaquable ? C’est ça l’approche scientifique. Je postule que si je pousse ce camion, il ira dans cette direction, mais après, je dois aussi me demander s’il n’y’a pas quelque chose qui pourrait le dévier de sa trajectoire. Bensaada ne fait pas ça : il postule que telles personnes sont des vendues, et il cherche tout ce qui ira dans cette direction. Tout ce raisonnement découle d’un syllogisme de bas étage : X a rencontré Y il y a des années, Y connaît Z, donc X et Z sont complices.
Probablement encouragé ou mandaté par ses superviseurs au sein de la Issaba, tels que le général Medjahed ou le ministre Belhimer, Bensaada est en train d’entretenir une rhétorique qui ne mène nulle part : il prétend que RACHAD “cache l’histoire, diabolise l’adversaire, monopolise et empêche le débat” alors que c’est lui qui refuse le débat. Je rappelle que nous étions toujours ouverts au débat, non pas dans le but de le “démolir” ou faire étalage de connaissances, mais avec respect et compassion pour ce qu’il a vécu.
Par exemple, il dit que RACHAD est “islamiste” et fait partie d’une organisation, El-Oumma, qui veut instaurer la “khilafa”. Qu’en est-il de cette histoire ? Un membre de RACHAD, Mohamed Larbi Zitout, a effectivement assisté à une conférence publique organisée par un forum appelé « El Oumma », dont le fondateur Hakim al-Mutayri est un opposant Koweiti. Où est le problème? Rachad et ses membres agissent en toute transparence! Nous participons à des débats publics avec des personnes de tout bord. Pourquoi insister sur cette seule conférence ? Nous avons discuté avec des laïques, des gauchistes, des personnes à l’opposé total des islamistes, et aussi des personnes cataloguées “islamistes”. RACHAD croit au dialogue et assume son langage dans la transparence et ne refuse pas la confrontation des idées. Mais dans aucun écrit ou déclaration de Rachad vous ne trouverez une revendication des termes galvaudés “islamiste” ou “khalifa”.
A court d’arguments, certains accusent : « oui mais Rachad fait de la taqiyya » (donc tenterait de dissimuler son véritable agenda!). On entre là, dans l’irrationnel, et ce genre d’attaques, nous les ignorons, parce que nous parlons d’une façon rationnelle, mesurable, vérifiable.
Si nous reprenons le raisonnement de Bensaada, je pourrais aussi faire une déduction, (je ne la fais pas mais je pourrais) : il y a un centre appelé centre français de recherche et de renseignement, dont le président est Eric Denecé, qui dit lui-même qu’il a collaboré avec les anti-communistes au Cambodge ou en Birmanie pour la protection de Total contre la guérilla locale, et qu’il a créé ce centre pour conseiller les officiels français. Or il est un fait que Bensaada collabore avec ce centre français de recherche et de renseignement ! En utilisant ses mêmes méthodes, je pourrais donc dire qu’il est à la solde des services français! Je ne ferais pas ce pas mais il est indéniable que ces accointances sont troublantes.
Bensaada accuse aussi RACHAD d’être « qui-tue-quiste », en référence à la guerre des années 1990s en Algérie. Cette guerre a été terrible et des centaines de milliers de familles ont été endueillées. Bensaada a le droit de parler de la mort de son frère durant cette guerre, de le pleurer et de demander justice. Mais reconnait-il ce droit à tous les Algériens/Algériennes, y compris ceux qui ont été broyés par certains de ses amis ? N’en vous déplaise, l’Algérie ne pourra se remettre de cette guerre que dans le cadre de la vérité, de la mémoire et de la justice, exactement ce que vous qualifiez de “qui-tue-quiste”!
La Issaba, cette bande qui sévit en Algérie, perd les pédales, elle n’a plus d’arguments, elle va vers sa fin. Elle représente l’échec, la fourberie et la décadence. La révolution pacifique, unie, qui s’appelle Hirak du peuple algérien finira, tôt ou tard, par chasser toute cette bande pour effectivement construire l’état de droit, l’état démocratique algérien et assurer dignité et prospérité à tous les citoyens et citoyennes.
Mourad Dhina
