Depuis sa création, le Mouvement Rachad a souligné que la domination continue de la politique par les militaires conduit inévitablement à l’érosion progressive de l’édifice de l’Etat algérien, ce qui se manifeste clairement aujourd’hui par la situation dangereuse dans laquelle les régimes successifs nous ont mis par leurs échecs dans divers domaines, notamment sur les plans politique, économique, diplomatique ainsi que la sécurité nationale.
En matière de politique étrangère, la diplomatie algérienne est passée d’une diplomatie active et influente aux niveaux régional et international à une diplomatie atrophiée et défaillante, au point que le pays est confronté à des problèmes et des menaces le long de presque toutes ses frontières. Ces dernières années, au nord, nous avons assisté à une relation floue et fluctuante, marquée par l’improvisation et la recherche d’intérêts particuliers au profit des dignitaires du pouvoir. Aux frontières sud, après l’ouverture de l’espace aérien algérien à l’aviation militaire française, sans restriction, pour intervenir à sa guise au nord du Mali; après avoir laissé – en échange d’intérêts personnels de pontes du pouvoir – les Émirats arabes unis jouer un rôle toxique dans la région; après être entré en conflit avec la Russie, pourtant premier fournisseur de l’armée algérienne; voilà que le régime se vante aujourd’hui d’avoir abattu un drone fourni par la Turquie au régime malien, alors que la Turquie a d’énormes intérêts économiques en Algérie, comme si la Turquie ne se souciait pas du poids l’Algérie, et n’y voyait qu’un marché à conquérir! Quant à la frontière ouest, le régime se contente toujours de la politique de l’agitation, ne cherchant pas sérieusement à résoudre la question du Sahara occidental conformément au droit international, au point que la voix de l’Algérie a diminué à un moment où la menace sur cette frontière est devenue réelle après l’implication du régime marocain du Makhzen dans la politique de normalisation et la présence de l’entité sioniste à nos frontières !
Faire face à cet état déplorable requiert une véritable unité nationale fondée sur la légitimité, la bonne gouvernance et le droit à la citoyenneté. Un État fort ne peut compter que sur sa légitimité, ses institutions et l’unité du peuple pour faire face aux menaces périlleuses. Malheureusement, nous constatons aujourd’hui que le pouvoir en place a affaibli l’État algérien en dérogeant à ces principes, le rendant vulnérable aux attaques et aux menaces contre ses intérêts vitaux.
Aujourd’hui, le régime algérien est accusé par des pays du Nord comme du Sud de soutenir le terrorisme, alors qu’il a réprimé tous ceux qui cherchaient à dénoncer ses agissements et à exiger un véritable changement en les accusant de “terroristes” de terroristes !
Sur le plan économique, le régime continue dans sa conduite erratique et tente de vendre des illusions au peuple, avec un président qui multiplie les faux pas sur les chiffres et promet des mirages tels qu’un produit national brut de plus de 400 milliards de dollars avant la fin de 2027, des ministres limogés après de courtes périodes, et des décisions contradictoires dans divers domaines tels que l’importation de voitures ou le prix de la pomme de terre ! Sans entrer dans le détail de ces échecs, il est clair que la mauvaise situation économique, malgré l’énorme potentiel du pays, est le résultat de l’exclusion et de la marginalisation. L’Algérie ne se développera pas avec des mirages et des discours hallucinatoires, ainsi que l’intimidation et l’aliénation des talents et des investisseurs, en l’absence d’institutions légitimes de législation, de contrôle et de régulation.
La situation lamentable de l’Algérie aujourd’hui est le résultat direct de la domination des militaires, de leur ingérence dans la politique et de l’absence d’institutions et de mécanismes de contrôle démocratique qui les obligeraient à ne pas outrepasser leurs prérogatives constitutionnelles. Ce sont en effet les militaires qui choisissent le chef de l’État, nomment ou recommandent les titulaires des portefeuilles ministériels régaliens et fixent les lignes rouges des politiques publiques.
Le Mouvement Rachad est bien conscient que certains sbires du pouvoir tenteront de dévoyer ce constat en le présentant comme une attaque contre l’armée ou une tentative de l’affaiblir. En vérité, Rachad considère qu’il est essentiel pour l’État algérien d’avoir une armée forte et respectée, ainsi que des services de sécurité efficaces, afin d’assurer la sécurité du pays et de ses citoyens. Cela nécessite cependant un gouvernement civil légitime déterminant les politiques du pays selon la volonté populaire. Toutes les expériences historiques ont montré qu’une armée qui se mêle de politique et d’argent conduit à la destruction et à la perte du pays.
Nous considérons, au Mouvement Rachad, qu’il existe indubitablement des cadres loyaux et compétents dans les différents appareils de l’État, qui savent que la seule situation qui leur permette de remplir au mieux leurs fonctions est un système légitime basé sur des institutions indépendantes et fortes, et que cela ne sera pas possible sous un régime militaire, qui les marginalise et les aliène et permet au népotisme et à la corruption de prospérer dans le corps de l’État et d’en menacer la continuité. Le premier critère du régime militaire lors de la sélection des fonctionnaires civils est la soumission et l’asservissement, plutôt que la compétence, l’honnêteté et la loyauté envers le pays. La preuve du danger de ce type de régime est le nombre considérable d’officiers supérieurs aujourd’hui emprisonnés : N’oublions pas que ces personnes – qu’elles soient emprisonnées à juste titre ou pour des règlements de compte – sont celles qui étaient à la tête des institutions nationales les plus importantes ! Quel sera le sort de ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui et qui peuvent être renversés demain dans le même climat d’opacité et d’absence d’une justice indépendante et d’institutions de contrôle populaire crédibles ?
A l’occasion de son 18ème anniversaire, le Mouvement Rachad réaffirme sa disponibilité à œuvrer avec tous ceux qui sont fidèles à la nation pour préserver l’Etat algérien et le sauver des dangers qui le guettent. Le Mouvement Rachad n’a jamais été et ne sera jamais le soutien d’une quelconque partie, interne ou externe, qui s’en prend au peuple algérien ou qui porte atteinte aux fondements de l’Etat algérien. Le Mouvement Rachad reste prêt à contribuer au processus de construction de la nécessaire unité nationale et de réunification du peuple algérien, mais il n’acceptera pas les pseudo règlements et les manipulations qui ne visent qu’à prolonger la vie du pouvoir actuel, ni n’hésitera à dénoncer et à affronter le régime militariste, ni ne s’engagera dans un processus qui ne vise pas, de manière sérieuse et crédible, à réaliser un Etat civil fondé sur la légitimité populaire qui épargne à notre pays les conséquences néfastes de la mainmise des militaires sur la vie politique.
Secrétariat du Mouvement Rachad
18/04/2025