Articles Droit de réponse

Rachad dans le Hirak

Secrétariat du Mouvement Rachad

15 août 2020

1. Introduction

La révolution pacifique (Hirak) engagée par le peuple algérien le 22 février 2019 n’a pas encore atteint tous ses objectifs. Elle a cependant surpris le monde entier par son adhésion absolue à la non-violence, son ampleur, sa durée, sa diversité, son unité, ainsi que la clarté de ses revendications politiques. Le mouvement Rachad, à l’instar d’une multitude d’organisations de la société civile et de millions de citoyens et citoyennes non structurés, a participé au Hirak dès son lancement. S’il est vrai que Bouteflika a été poussé à la démission et que nombre de ses ministres et soutiens sont aujourd’hui emprisonnés pour corruption, la nature même du régime n’a pas changé et l’exigence essentielle du Hirak « Etat civil et non militaire » n’est pas encore satisfaite. Le régime en place tente depuis quelques mois, profitant notamment de la situation imposée par crise Covid-19, de briser le Hirak. Pour ce faire, il utilise la répression, en multipliant arrestations et condamnations de militants, et encourage – et initie parfois – une propagande visant à discréditer le Hirak. La rhétorique utilisée repose essentiellement sur deux volets : exacerber les différences idéologiques et brandir la menace extérieure en accusant des figures du Hirak d’agir à la solde de pays étrangers. Si Ahmed Ouyahia, ancien premier ministre aujourd’hui emprisonné, a menacé les Algériens d’une « syrianisation » du pays où les « les fleurs du Hirak » finiraient « en flots de sang », le régime actuel semble séduit par un cynisme similaire en rejouant la carte des divisions et tensions qui ont mené au drame des années 1990. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la campagne lancée depuis quelques mois contre le mouvement Rachad. Le but de ce papier est de répondre à quelques questions en relation avec cette campagne.

2. Le Mouvement Rachad

Mouvement (et non parti) politique créé en avril 2007, Rachad entend contribuer à un changement fondamental en Algérie, pour rompre avec les pratiques politiques en cours depuis l’indépendance et libérer le peuple algérien de toute tutelle. Il œuvre pour l’instauration d’un Etat de droit, civil, régi par les principes démocratiques et la bonne gouvernance. Le Mouvement est ouvert à tous les Algériens et Algériennes dans le respect de leurs différences, bannit toute forme d’extrémisme, d’exclusion ou de discrimination et prône la non-violence pour amener le changement [1]. La charte du Mouvement définit ses valeurs et principes [2].

Les questions de l’Etat civil et du contrôle démocratique des forces armées, et des services de renseignement en particulier, représentent des priorités pour le Mouvement Rachad et ce depuis sa constitution. Le Mouvement a fait des propositions concrètes pour mettre fin à la prédominance du militaire sur les institutions civiles de l’Etat et de la société [3].

Rachad considère que les citoyens et citoyennes en Algérie, affranchis de la tutelle du régime en place, doivent utiliser leur droit fondamental inhérent à la liberté d’association pour s’organiser et œuvrer pour le changement que seule une société civile structurée, indépendante et patriote pourra amener.

3. La non-violence

Bien avant la constitution du mouvement, ses futurs fondateurs ont entamé un travail intellectuel de fond sur les stratégies et méthodes qui pourraient amener le changement en Algérie. Très tôt le choix s’est porté sur la non-violence stratégique et s’ensuivit une étude détaillée de quasiment toutes les expériences de changement qu’a connues l’humanité. La bibliographie étudiée est très vaste et comprend aussi des adeptes que des critiques de la non-violence, qu’elle soit principielle ou stratégique [4]. Ainsi ont été revus aussi bien des textes classiques (Sun Zhu, La Boétie, Thoreau, Tolstoi, etc.), que religieux (Coran, Bible, etc.), que des écrits et expériences plus récents (Gandhi, Luther King, Mandela, Malcolm X, Holmes, Sharp, Galtung, Jawdat Said, Ash, Dolci, Camara, Nagler, Dellinger, Arendt, etc.). Ce choix de la non-violence a été clairement affirmé dès le lancement du Mouvement en 2007 que ce soit dans sa charte ou les milliers d’interventions de ses membres dans les médias ainsi que toutes ses publications et communiqués. Par ailleurs, le Mouvement a produit une série de documentaires vidéo explicitant la méthode non-violente [5] et présentant aussi les arguments du Mouvement contre le recours à la violence, les coups d’Etat, l’intervention étrangère ou les changements par l’entrisme dans « les institutions du système en place ». Il faut aussi noter que la stratégie non-violente adoptée par Rachad a été, au début, considérée comme utopique et n’ayant aucune chance d’aboutir dans le Monde arabe, plutôt habitué aux coups d’Etat et aux insurrections armées. Les révolutions arabes de fin 2010 ont apporté la preuve que la non-violence était non seulement possible dans cette région du monde mais qu’elle était aussi efficace Il faut cependant noter que les régimes autoritaires arabes, d’abord surpris par les révolutions populaires non-violentes, se sont attelés à mener des contre-révolutions (coup d’Etat en Egypte, interventions étrangères et violence armée en Syrie et Libye). Au même moment, leurs porte-voix s’acharnaient à discréditer la méthode non-violente, la présentant comme une « manipulation de puissances occidentales » visant à déstabiliser les pays arabes. Pour ces derniers, la résistance non-violente est une « preuve » de soumission aux intérêts US ! Le Mouvement Rachad réfute ces thèses ubuesques qui ne font en définitive que servir des régimes qui desservent leurs peuples et qui sont eux, sans aucun doute, à la solde de puissances étrangères. Rachad reste plus que jamais convaincu que la méthode non-violente est non seulement une nécessite historique, au vu des couts ruineux des violences politiques dans la région, mais elle est aussi la plus adaptée pour le changement radical. Elle jouit en Algérie d’une adhésion populaire forte, garante de l’unité et de la souveraineté.

4. Islam et islamisme

L’Islam occupe une place centrale dans la société et l’histoire algériennes. Il est la religion dans laquelle se reconnait la quasi-totalité des Algériens et Algériennes. Il est donc tout à fait normal et légitime que Rachad considère l’Islam comme un élément essentiel de l’identité de la société algérienne. Il y a lieu cependant de ne pas associer cette posture à une supposée adhésion à un agenda « islamiste ». En effet, ce terme galvaudé et lié à des problématiques politiques et sécuritaires diverses est le plus souvent brandi pour tenter de discréditer et exclure divers acteurs de la vie politique, associative, intellectuelle, culturelle et même sportive. Dans cette optique, le mot « islamisme » rime souvent avec théocratie, déni des droits humains, refus de la démocratie ou carrément terrorisme.

On remarquera aussi que dans certains pays occidentaux, l’accusation « islamiste » est parfois l’expression d’une véritable islamophobie, jouant sur des amalgames sordides du genre « un musulman est un islamiste potentiel donc un terroriste en devenir ».

Quant aux dictateurs arabes, ils brandissent la menace « islamiste » contre tout ce qui met en péril leurs régimes illégitimes et se vendent en vassaux à leurs maîtres étrangers comme remparts contre l’« islamisme ». Le Mouvement Rachad refuse donc d’être labellisé « islamiste », d’abord parce qu’il conteste par principe que d’autres lui accolent une dénomination chargée, ensuite parce qu’une telle appellation n’a pas d’origine dans notre culture musulmane (la dénomination conforme à notre religion est « musulman » et non pas « islamiste »), et enfin parce que ce qu’elle sous-entend est antinomique avec la vision de Rachad.

En effet, Rachad, tout en réaffirmant la place de l’Islam dans la société algérienne, refuse la théocratie, œuvre pour le respect et la sauvegarde des droits de l’homme et interdit le recours au terrorisme. Par ailleurs, il considère que l’Etat doit être géré par une autorité civile librement élue et les lois doivent être votées par les représentants du peuple, eux aussi élus au suffrage universel. Dans le contexte algérien, et notamment durant la guerre civile des années 1990, le pouvoir a tout fait pour exacerber les clivages entre « démocrates », « islamistes » et « nationalistes », le but étant bien évidemment de diviser pour régner. Rachad considère que les Algériens et Algériennes sont en majorité musulmans, nationalistes et démocrates, en même temps, et qu’il appartient aux différents acteurs politiques d’être à la hauteur de ces qualificatifs et de ne pas tomber dans le piège de la division et de l’exclusion, car aucune personne ou structure ne peut s’octroyer le monopole de l’une de ces composantes.

Le projet de Rachad est un prolongement du projet de la déclaration du 1er Novembre 1954, et son objectif est un Etat ou règnent la justice et la bonne gouvernance et où l’Islam représente une composante essentielle de la société algérienne. Bien évidemment, cette société et l’Etat auquel elle aspire resteront accueillant et respectueux des droits de tous les citoyens ou résidents, y compris ceux qui ne sont pas musulmans. Nous rejetons l’Etat théocratique mais nous refusons aussi la surenchère qui veut discréditer l’attachement des Algériens et Algériennes à l’Islam sous prétexte de « danger fondamentaliste ».

5. Rachad et le Front Islamique du Salut

Le Mouvement Rachad considère que ce qui s’est passé le 11 janvier 1992 est un coup d’Etat qui a entrainé l’Algérie dans une guerre civile horrible dont les plaies resteront ouvertes pendant des décennies. Le Front Islamique du Salut (FIS), parti politique légalement reconnu a largement remporté toutes les élections auxquelles il a participé, notamment celles du 26 décembre 1991 qui ont été avortées par le par le commandement militaire. En tant que parti, le FIS peut bien évidemment être contesté dans ses choix et programmes et aussi combattu politiquement par ceux qui ne partagent pas ses idées. Il ne peut cependant être arbitrairement interdit ou privé de ses victoires électorales par un pouvoir illégitime ou une junte militaire. Ceci étant, le Mouvement Rachad n’a aucun lien organique avec le FIS, ni ne revendique son programme. Il n’entend aussi certainement pas se substituer à ce parti, ni à aucun autre d’ailleurs, car Rachad n’est pas un parti visant la participation à une compétition électorale. Enfin, Rachad considère que le FIS a encore des leaders connus, une présence certaine parmi la population et a donc à ce titre le droit, comme toute autre courant de pensée, d’activer politiquement. Certains invoquent le fait qu’un membre fondateur de Rachad a été responsable du FIS par le passé afin de prétendre que Rachad n’est qu’un « FIS-bis ». Il convient de préciser à cet effet, que le membre en question, Mourad Dhina, a effectivement rejoint le FIS bien après son interdiction pour protester contre le coup d’Etat de janvier 1992 et les violations massives des droits de l’homme qui s’ensuivirent. M. Dhina n’avait auparavant jamais fait partie du FIS ni été candidat en son nom à une quelconque élection. M. Dhina a quitté définitivement le FIS en 2004, bien avant la constitution du Mouvement Rachad en 2007.

6. Identité nationale et laïcité

Rachad considère que chaque communauté, petite ou grande, a le droit d’utiliser et de développer sa propre culture, langue ou dialecte. L’Etat de droit respecte le peuple dans toute sa diversité, car il est construit sur une légitimité populaire. Nous espérons voir un jour notre Etat soutenir toutes les particularités culturelles qui composent et enrichissent la nation. L’identité algérienne, brassée à travers des siècles d’histoire, est basée essentiellement sur l’Islam, l’Amazighité et l’Arabité. Elle a aussi reçu un apport, dans une moindre mesure, venant d’autres religions, cultures et civilisations. Rachad prône donc le respect et l’épanouissement des constituants de notre identité nationale. Ils sont la propriété de la société qui se chargera, à travers des associations, des fondations et autres institutions libres, de les préserver et les développer pour le bien commun. Cependant, les constituants de l’identité ne doivent en aucun cas être bafoués ou monopolisés par le pouvoir politique en place. L’Etat n’a pas vocation à imposer une lecture ou une approche relevant des éléments constitutifs de notre identité. Ceci nous amène donc à un autre point suscitant des débats passionnés : la laïcité.

Il s’agit là bien sûr d’un débat nécessaire et utile mais qui doit être abordé avec rationalité, mesure et clairvoyance. La cité doit être gérée par une autorité civile élue et ceci ne contredit en rien notre attachement à l’Islam, car en Islam il n’y a pas de clergé qui pourrait prétendre gouverner le peuple « au nom de Dieu ». Nous sommes pour un espace politique qui garantit l’inclusion de tous, la non-discrimination sur une base idéologique ou de croyance, le respect des minorités, et qui assure la coopération saine de tous les Algériens pour la construction de la société et l’édification de l’Etat, chacun partant de sa propre référence. Cependant, on ne peut s’empêcher de noter que nombreux parmi ceux qui prônent la laïcité en Algérie ne font en définitive que la desservir. En effet, une certaine aliénation culturelle fait que pour certains d’entre eux « Le » modèle de laïcité est celui prévalant actuellement en France. Or, tout esprit rationnel, critique et ouvert sur le monde constatera que ce modèle est en fait une aberration, décrié même dans la plupart des pays occidentaux. Dans ces pays, la laïcité se limite à protéger la religion contre les abus de l’Etat et garantir la non-intrusion de l’Eglise dans les affaires de l’Etat, alors qu’en France elle a pris aussi la forme d’un extrémisme antireligieux qui s’exprime de la façon la plus hostile surtout envers la religion musulmane.

Pour le Mouvement Rachad, l’ordre politique préconisé ne devrait pas refuser au religieux ou au défenseur d’une langue ou culture de participer au débat politique. Ce serait là une grave erreur, d’abord parce qu’elle restreint la liberté de participer au débat politique, et ensuite ceci risque de mener à la victimisation d’un pan de la société qui tôt ou tard se rebellera contre son exclusion du champ politique. Laisser les citoyens et citoyennes s’exprimer librement et même faire des propositions politiques en adéquation avec leurs convictions religieuses ou culturelles est légitime et nécessaire. Ceci est d’ailleurs ce que défendent nombre d’éminents philosophes contemporains comme Jurgen Habermas [6].

7. Consensus national et pratique démocratique

Le Mouvement Rachad a toujours érigé le débat et le rapprochement entre les forces politiques en Algérie comme une nécessité. Même avant la constitution du mouvement, certains de ses membres étaient présents dès janvier 1992 avec d’autres militants politiques et défenseurs des droits de l’homme, d’horizons idéologiques divers, pour dire non au coup d’Etat et aux violations massives des droits de l’homme qui s’ensuivirent. Ils étaient présents – ou ont soutenu – au Contrat National de Sant’ Egidio (1995), ainsi qu’aux rencontres de l’opposition que ce soit en Algérie [7] ou à l’étranger [8]. Rachad croit au débat et a toujours agi pour initier ou répondre favorablement pour rassembler tous les acteurs de la société civile sans exclusion. Il s’agit là d’un principe fondamental pour Rachad : encourager la concertation et la coopération avec tous les acteurs politiques et la société civile.

8. Souveraineté et environnement international

Le Mouvement Rachad revendique son droit à discuter et débattre avec tous les acteurs politiques non étatiques, ONG et intellectuels, aussi bien dans le Monde arabe qu’en Occident. Ces contacts sont toutefois toujours menés dans la transparence et dans le respect des buts et principes du mouvement, notamment son indépendance et son refus de toute ingérence étrangère dans le présent et l’avenir politique de l’Algérie. Des membres de Rachad ont ainsi participé à des conférences ou des rencontres avec des militants politiques et de la société civile d’horizons idéologiques divers (nationalistes, islamiques, laïques, etc.). Il est cependant clair que rencontrer ou débattre avec de telles entités ou personnes n’implique nullement une adhésion à toutes leurs opinions ou actions. A ce titre, les attaques menées récemment contre Rachad, l’accusant tantôt de travailler pour un « agenda turque et/ou qatarie » ou de faire partie des « Frères Musulmans » ne reposent sur aucun fait qui donnerait à ces affirmations une quelconque véracité. Rachad n’entretient aucune relation avec quel qu’Etat que ce soit et a toujours refusé l’ingérence étrangère. Il faut aussi souligner que les gouvernements qatari et turc entretiennent les meilleures relations avec le régime algérien et ne soutiennent pas le Hirak. Certains membres de Rachad sont d’ailleurs interdits d’entrée dans ces pays.

Par ailleurs, le mouvement des « Frères Musulmans » a des représentants attitrés en Algérie et Rachad n’est pas lié structurellement à cette organisation. Ceci étant, nous n’accepterons jamais que des dictatures du Golfe ou d’Egypte, en guerre contre les « Frères Musulmans », notamment depuis le coup d’Etat contre le président Mohamed Morsi, utilisent leurs relais en Algérie pour « criminaliser » tout contact avec les « Frères Musulmans ». Rachad n’a aucun lien organique avec les « Frères Musulmans » mais refusera catégoriquement que qui que ce soit lui impose ou interdise de rencontrer ou de débattre avec tel ou tel acteur politique.

Un autre sujet qui est invoqué par les mêmes cercles en croisade contre Rachad est le prétendu soutien de Rachad à l’agression de « l’OTAN en Libye ». Il y a lieu d’abord de préciser que Rachad a toujours condamné l’interventionnisme impérialiste de OTAN dans le Monde arabe, de même que la participation avérée de l’armée algérienne dans des manœuvres et exercices de l’OTAN, en présence de l’armée sioniste. La révolution de 2011 en Libye est une révolution citoyenne contre une dictature et c’est dans ce sens que Rachad l’a applaudie. Certains membres de Rachad ont visité la Libye en 2011 sur invitation de confrères et amis libyens, militants des droits de l’homme notoirement connus [9]. Cependant, aussi bien en Lybie qu’en Syrie, Rachad a toujours encouragé ses interlocuteurs à ancrer leurs luttes dans la non-violence, comme il a dénoncé l’intervention étrangère qui a été la principale raison du dévoiement des révolutions non-violentes et fait sombrer ces pays dans des guerres civiles horribles.

9. Financement de Rachad

Rachad n’accepte de financement d’aucun gouvernement ou de personnes non algériennes. Il compte sur les dons et cotisations de ses membres et les encourage aussi à verser la zakat aux nécessiteux (notamment prisonniers politiques et leurs familles). Les pontes du régime dilapident des sommes faramineuses de l’argent public et certains de leurs larbins dépensent des millions d’euros dans la luxure tout en se permettant d’accuser un mouvement comme Rachad d’être financé par des Etats étrangers, sans en apporter bien entendu la moindre preuve. Le but est de semer le doute et de faire en sorte que les citoyens renoncent à s’organiser librement et assurer par eux-mêmes le financement de leur action. Pour les dictatures, la règle est simple : celui qui n’est pas financé, donc contrôlé par elles, est un traitre à la solde d’intérêts étrangers !

10. Conclusion

Le but de cet article était de réitérer les positions du Mouvement Rachad dans un contexte où des forces politiques, alliées de fait du pouvoir actuel, tentent de diviser le Hirak. Nous avons tenu à répondre à des accusations infondées avec un esprit de transparence tout en refusant d’adopter une posture apologétique. Notre mouvement active de façon transparente et ses méthodes et objectifs sont légitimes, légaux et honorables. Nous affirmons aussi que ce qui dérange le plus les régimes autoritaires ce sont les forces de la société civile qui s’affranchissent de sa tutelle et s’organisent pour opérer un changement. C’est sans l’ombre d’un doute ce point-là qui explique l’acharnement du régime et ses relais contre Rachad. Le régime craint que d’autres structures organisées et libres entrent en action. Et c’est justement ce à quoi appelle Rachad : encourager les citoyens et citoyennes à s’organiser dans des structures (associations, partis, syndicats, clubs etc.) libres et qui appuient le Hirak. Ceci constituera aussi la meilleure réponse et parade à toute tentative, d’où qu’elle vienne, de vouloir s’accaparer le Hirak. Nous sommes convaincus que de telles structures, libres et citoyennes, sauront engager un débat entre elles et arriver à un consensus et une feuille de route qui amènera le changement souhaité par le peuple algérien. Il faut bien sûr débattre des aspects idéologiques, des projets de société mais la priorité actuelle doit rester l’association de toutes les forces libres pour garantir :

— La souveraineté de notre pays et le droit de tous ses citoyens d’y vivre libres et jouissant de leurs droits fondamentaux ;

— La consécration du suffrage universel comme seul moyen de choix des dirigeants et des programmes politiques tout en respectant les libertés individuelles et les droits fondamentaux ;

— Le droit à l’action politique, syndicale et associative à tous les citoyens sans avoir à obtenir un quelconque agrément de l’autorité en place ;

— Le droit de choisir librement les gouvernants et la mise en place de contre-pouvoirs ;

— Le contrôle démocratique effectif par les représentants du peuple des forces armées et des services de sécurité ;

— L’indépendance du Pouvoir judiciaire ;

— La liberté des médias ;

— La répartition équitable de la richesse nationale.

Références

[1] www.rachad.org/fr/?page_id=231

[2] https://rachad.org/fr/?p=506

[3] https://rachad.org/fr/?p=38

[4] La non-violence principielle appelle à l’adhésion à la non-violence par principe (religieux ou moral) alors que la non-violence stratégique adopte la non-violence par le fait qu’elle est la voie la plus sure pour atteindre l’objectif de changement et ceci sans nécessairement se référer à son aspect moral.

[5] https://www.youtube.com/playlist?list=PLeQmfqtiCnlCgmgK_ZmqsXL6MPRKv1IMN

[6] https://www.ssrc.org/publications/view/habermas-and-religion/

[7] http://aljazair24.com/national/29295.html

[8] En 2000 avec Louiza Hanoune, Ali Yahia Abdenour, Abdelhamid Brahim, Mohamed Harbi, et d’autres. En 2008 avec Abdelhamid Mehri, SalahEddine Sidhoum, Lahouari Addi, Ahmed Benmohamed, Rachid Malaoui, et d’autres. Rencontres diverses en 2018-2019 avec le FFS, FIS, HMS, RCD, etc.

[9] Dont Fathi Terbil, défenseur des droits de l’homme qui avait notamment travaillé sur le massacre de la prison de Bouslim où plus de 1000 prisonniers avaient été exécutés en 1996.