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Communiqué à l’occasion de la reprise des marches populaires en Algérie

Le Mouvement Rachad a suivi avec intérêt les manifestations de masse le 16 février dans la ville de Kherrata, le 19 février dans la ville de Khenchela, le 22 février dans la plupart des wilayas et en particulier à Alger où les étudiants ont également manifesté le 23 février et ce malgré la répression qui a mis en évidence les contradictions au sein du régime entre d’une part une aile qui poursuit des présumées mesures d’apaisement, en libérant une partie des détenus du Hirak, et d’autre part une aile qui entrave son chemin et incite les services de sécurité à la répression.

Rachad salue les millions d’hommes et de femmes qui ont décidé de reprendre les marches après les avoir suspendues, de leur plein gré en mars dernier, afin de prouver que leur Hirak pacifique et uni est toujours vivace et ne s’est jamais arrêté. Ils renouvellent ainsi leur rejet du régime des gangs du régime, en scandant des slogans tels que « Etat civil, non militaire », « Tebboune est arrivé par la fraude, placé par les militaires », « Le peuple veut l’indépendance », « Nous ne sommes pas sortis pour faire la fête, nous sommes sortis pour que vous partiez ».

Les manifestants ont également scandé le slogan « Les services de renseignements terroristes… A bas la mafia militaire », dénonçant ainsi l’incursion et la domination de la police politique sur tous les aspects de la vie politique et son contrôle des différents pouvoirs, en particulier la justice et les médias. Ainsi, ils envoient un message fort sur la nécessité de restructurer les services de renseignement, en réexaminant leur mandat, leurs fondements juridiques, leur structure, leur taille, leurs pouvoirs, la nécessité d’avoir les moyens de les contrôler et de les surveiller, examiner leurs biais politiques, leurs violations des droits de l’homme et les mesures pour s’en prévenir dans l’avenir, afin que cet appareil devienne professionnel, voué au service du peuple et non un outil de répression garantissant les intérêts illégitimes d’une poignée de généraux.

Rachad se tient toujours aux côtés du peuple et soutient ses revendications légitimes, à la tête desquelles son droit de mettre en place un Etat de droit, et le respect de la dignité, des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

Ceux qui cette semaine ont suivi les réactions des gangs du régime qui subsistent et qui se sont emparés des rouages du pouvoir, constatent qu’ils ont perdu la raison et sont encore plus isolés au sein de la population que l’était le gang de Bouteflika avant son effondrement. La preuve en est la lamentable mise en scène de l’affaire « Abou Dahdah », fabriquée de toute pièce, en violation flagrante du code de procédure pénale, l’agenda de Abdelmadjid Tebboune pour organiser des élections législatives largement rejetées par la population, ainsi que la couverture de la reprise des marches par les canaux médiatiques officiels sous contrôle des services de renseignement, qui a suscité un grand mécontentement parmi les citoyens, à tel point que l’un d’eux s’est adressé à la télévision publique en disant : « Heureusement que vous n’étiez pas là pour couvrir la révolution de Novembre 54 ».

Le but de cette propagande de bas niveau diffusée par la télévision publique est d’exagérer le rôle de Rachad au sein du Hirak, de le diaboliser et de faire peur aux citoyens, en prétendant que Rachad veut prendre le contrôle du Hirak, alors que qu’il n’a pas cessé de répéter, à chaque occasion, qu’il ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan du Hirak qui englobe tous les spectres de la société respectant le principe de l’unité dans la diversité.

Le Mouvement Rachad a également suivi ces derniers jours l’évolution dangereuse de la question de la participation de l’armée algérienne aux guerres que mène la France dans les pays du Sahel sous couvert du « combat contre le terrorisme », ceci à travers les allusions faites par Abdelmadjid Tebboune lors de son dernier discours ainsi que les déclarations d’Emmanuel Macron sur la présence de l’Algérie lors de la rencontre de N’Djamena et sa confirmation du réengagement de l’Algérie et du Maroc dans les opérations militaires au Sahel.

La récente déclaration du ministère de la défense concernant le déploiement des soldats hors des frontières nationales n’a pas pu convaincre les Algériens soucieux du sort de leur armée, que certaines puissances néocoloniales voudraient utiliser comme une force mercenaire pour servir leurs intérêts illégitimes, et inquiets pour la vie des soldats enfants du peuple algérien. En effet la déclaration indique que « l’armée nationale populaire, héritière de l’armée de libération nationale, ne se soumettra dans ses activités et mouvements qu’à l’autorité du Président de la République, commandant suprême des forces armées et ministre de la défense nationale » et que « la participation de l’armée nationale populaire en dehors des frontières du pays est une décision soumise à la volonté du peuple selon ce qui est stipulé dans la constitution de la république ». Ce qui est complètement ignoré dans cette déclaration est le fait que le président ainsi que la constitution ont été imposés par la force aux Algériens et, de ce fait, n’ont pas la moindre légitimité. La volonté du peuple est foulée du pied depuis longtemps par le commandement de l’armée. Le Mouvement Rachad met en garde les membres du commandement de l’armée impliqués dans cette démarche dangereuse, contre la poursuite de celle-ci, car elle est considérée comme une trahison de la souveraineté de l’Algérie et de ses martyrs. Rachad appelle également les patriotes parmi les officiers de l’armée à mettre fin à cette démarche, qui menace en premier lieu l’unité de l’armée.

Le Mouvement Rachad appelle à intensifier les activités du Hirak dans un cadre pacifique et unitaire tout en prenant les mesures sanitaires préventives. Il coopérera avec tous les Algériens et Algériennes libres, de tout horizon, afin d’en finir avec un système misérable duquel on ne peut rien espérer, qui n’a plus aucune raison d’exister et qui est devenu une menace existentielle pour l’Etat algérien.